La mise-en-scène du retour d’Aristide et le choix de sa dauphine Maryse Narcisse en Haïti
Une fois de plus, Jean-Bertrand Aristide est utilisé comme un front pour aider à légitimer le pillage d’Haïti par la communauté internationale. Le 29 et 30 septembre, tandis qu’un groupe de plus de 15 partis politiques haïtiens organisaient une série de reunions pour discuter de la débâcle des élections et conclure qu’elles doivent être annulées, le parti Fanmi Lavalas a organisé des activités contradictoires qui ont culminé avec la première apparition d’Aristide depuis quatre ans. Après toutes les manifestations, après tous les pauvres ayant payé de leurs vies pour avoir appelé pour un retour d’Aristide, celui là a été muet pendant quatre ans. Pourtant il a trouvé necessaire de se ridiculiser en public pour la première fois à fin de soutenir la candidature présidentielle de Maryse Narcisse. Selon la station de Radio Kiskeya, Mme Narcisse est non seulement un ancien ministre de la santé publique mais aussi un ancien employé de l’Agence des États-Unis pour le Développement International (USAID).
Haïti est entièrement sans gouvernement depuis que Michel Martelly a remplacé, par décret présidentiel, chaque juge local élu ainsi que les gouverneurs, maires, commissaires de police, etc., par ses propres accolytes à partir de 2012. Le parlement aussi n’existe plus depuis le 12 janvier 2015, parce qu’il n’a pas voulu qu’il y ait des élections. L’idée éléctorale pour Haiti, qui n’est pas dutout réaliste, est d’élire la totalité du gouvernement, national et local, dans un delai de quatre mois, plus précisément entre le 9 août et le 27 décembre 2015.
Jusqu’à maintenant, les élections ont été un désâstre. Les élections du premier tour, le 9 août, ont été a l’exclusion de plusieurs grandes villes. Même selon les estimations officielles, ce scrutin n’a pas representé plus de 8 pour cent de l’électorat dans la région de Port-au-Prince, où environ 40 pour cent de la population vit. En fin de compte, seulement 8 sur 119 candidats pour l’assemblée nationale et 2 sur 20 candidats pour le sénat ont été élus. La plupart de ces gens ont des relations avec Michel Martelly ou avec le gouvernement de coup d’état qui avait succédé Aristide en 2004. Les estimations officieuses sont bien pires.
Les candidats à la présidence d’Haïti ont paradé aux États-Unis et Haïti comme si la position de président de la république etait la seule à remplir dans le scrutin. Il est important de garder en tête que le 25 octobre, le pays doit maintenir, non seulement le premier tour des élections présidentielles, mais aussi le deuxième tour des élections législatives, et des élections municipales. Toutes ces élections seront un desâstre.
Le risque que des désordres en Haïti pourraient devenir une révolte explosive durant la campagne électorale d’Hillary Clinton est tellement élevé que cela a induit le département d’état américain à participater très activement au cours des dernières semaines aux affaires électorales haïtiennes. Les candidats à l’élection présidentielle ont tenu un débat à l’Université George Washington, comme si le département d’état et la diaspora haïtienne seraient leurs électeurs. Le Secrétaire d’État John Kerry a reçu à Washington Evans Paul, que Martelly a décrété le 25 décembre dernier comme premier ministre. C’est comme si c’était un cadeau de Noël pour les americains. Kerry était en Haïti le 6 octobre 2015. Kenneth Merten, qui était sous-secrétaire d’Hillary Clinton quand elle était secrétaire d’état, et qui était l’ambassadeur américain en Haïti pendant les élections de 2010, est maintenant de retour. Il s’agit probablement de donner aux haïtiens une nouvelle leçon en démocratie.
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Au moins 15 partis politiques veulent que le CEP soit dissous et remplacé par un gouvernement de transition qui pourra superviser les élections. Néhémy Joseph, un membre du CEP a démissionné de son poste le 2 octobre et a exprimé que son respect pour la loi et pour ce qui concerne le vote des citoyens l’avaient amené à le faire. Beaucoup d’haïtiens sont fatigué de marcher avec des pancartes. Contrairement au faux débat a l’Université George Washington, leurs tentatives d’organiser un débat présidentiel à l’Université d’État d’Haïti (UEH) le 29 septembre ont été perturbées par des étudiants qui ont exigé que les candidats “démontrent un minimum requis de moralité et d’honnêteté.” Au moins, un rally présidentiel a été dispersé par des hommes armés. Un employé du CEP, Wilkenson Bazile, a été tué le 5 juillet, et un autre membre du CEP, Vijonet Déméro, a eu son domicile criblé de balles au cours de la nuit du 29 septembre.
En revanche, le CEP a le soutien enthousiaste de la poignée de familles riches en Haïti. Selon Le Nouvelliste, Réginald Boulos aurait dit: “Je vais choquer le monde. Moi je crois que ce CEP reste quand même un des meilleurs CEP que nous ayons eus. On oublie, on oublie. Nous avons une mémoire courte. Nous oublions le CEP de 2010, le CEP de 2000. Nous oublions tellement de choses…. Nous estimons que les élections du 25 octobre auront lieu…. Il y aura probablement un taux de participation beaucoup plus fort et nous allons vers la passation de pouvoir d’un président élu à un autre président élu…. “ Pour sa part, Grégory Brandt aurait aussi ajouté ceci: “Le processus est imparfait. Il y a des ajustements qui se font. Ils sont nécessaires…. Laissons faire la campagne, laissons les gens choisir leur président le 25 octobre.”
Cela donne à penser que le président a déjà été designé, et il est certain que cela sera Mme Narcisse. Le zèle avec lequel les médias américaines ont reporté le role d’Aristide aux élections pour soutenir Narcisse suggère que cette participation a été mise en scène. Lors de son apparition par la porte de sa maison bien gardée, Aristide avait l’air d’être en prison. Son discours a été publié par l’Associated Press et l’Agence France Presse plus rapidement que par touts les journaux haïtiens. En fait, il a été discuté par Fox News avant quiconque. Il est affligant de penser qu’Aristide et Narcisse font partie d’un subterfuge pour persuader le public, en particulier la diaspora aux États-Unis, que les élections en Haïti sont légitimes. C’est loin d’être la réalité.
Il semble qu’Aristide peut être activé et desactivé par les États-Unis à tout moment. Cela est déjà arrivé, quand il a disparu à l’étranger pendant des années, et puis a été ramené par Bill Clinton. Sans ses partisans les plus fervents et aussi ses soutiens financiers comme Antoine Izméry, qui ont tous été tués, Aristide n’est rien de plus qu’un symbole de l’échec de la tentative de reprendre Haïti par la rédaction d’une nouvelle Constitution en 1987 et enfin sa victoire surprenante aux élections présidentielles de 1990. Trois ans après le coup d’état contre lui en 1991, Aristide est revenu comme un oiseau prisonnier dans une cage en plexiglas et maintenu sous garde pendant que Clinton a commencé à brader le pays, en premier lieu à ses investisseurs d’Arkansas. Aristide était bien là pour gratter la terre à l’inauguration de la première usine a très bas salaire de Clinton en Haïti. Aristide était là aussi quand les droits de douane ont été réduits sur les importations de riz et le pays a été inondé de riz subventionné en provenance d’Arkansas à fin détruire l’agriculture d’Haïti. Pendant des années, il a toujours été là à chaque fois que l’apaisement de la population et qu’une façade de légitimité ont été nécessaires pour ceux qui ont toujours eu l’intention de voler et ensuite vendre Haïti. Malheureusement Aristide bénéficie de l’affection et du soutien des Haïtiens pauvres, qui le considèrent toujours comme étant la seule personalité politique parlant pour eux depuis Dumarsais Estimé durant les années 1940. Dans sa prison de luxe, et sans ses soutiens clefs, M. Aristide n’est plus rien q’une coquille vide. Il est grand temps pour les haïtiens de cesser d’investir leurs espoirs et leurs rêves en hommes et femmes providentiels.
Sources: Haiti Chery (version anglaise) | Lisez aussi le livre de Dady Chery, We Have Dared to Be Free: Haiti’s Struggle Against Occupation (Nous avons osé d’être libre: la lutte contre l’occupation d’Haïti), disponible en livre de poche d’Amazon et e-book en Kindle.