Le festin des dieux: Lien du Vodou à l’agriculture d’Haïti et aux ancêtres
Par Dady Chery
Haiti Chery
La religion et la culture haïtienne sont intimement liées à l’agriculture locale, à tel point que les cérémonies de Vaudou sont habituellement appelées manje lwa: festin des dieux. Nos lwa (dieux, esprits, divinités) doivent être nourris. Ils ne sont pas éternels et ne peuvent continuer d’exister seulement quand ils sont convoqués à participer aux affaires humaines. Ainsi leur force provient des rituels durant les célébrations commémoratives. Pendant ces festivités, les dieux et le voisinage mangent des aliments locaux. Les divinités deviennent puissantes en proportion directe des quantités et variétés de nourritures préférées qui leur sont données en offrande, et aussi du soin qui est mis dans leur préparation et présentation.
La plupart des esprits du Vodou sont des ancêtres vénérables. Ils ne sont pas adorés mais respectés, aimés et convoités principalement pour leurs conseils, protection et bénédictions. Leur invitation nécessite un certain protocol. On ne reçoit pas un ancêtre important sans au moins cuire un poulet et organizer une fête, pas pour lui seul, mais pour tout le quartier. Les pratiques du Vaudou haïtien représentent la religion sans fard et dans sa forme la plus pure. Il ne s’agit pas d’une force infantilisante qui greffe les gens à se prosterner devant une authorité, mais d’une force culturelle qui ancre les êtres humains à la terre et aux eaux autour d’eux et leur fournit les moeurs pour une vie équilibrée et joyeuse.
Les occidentaux sont tellement fascinés par le sang offert aux dieux du Vaudou, que beaucoup d’entre eux imaginent que les dieux ne dévorent que des animaux. Je n’aborderai pas ici l’hypocrisie des gens qui ne se soucient pas de la façon dont les bêtes qu’ils mangent ont passé leurs vies, comment ils sont abattus, si ils sont remerciés pour leur chair, ou si la moitié de celle-ci aboutit dans une poubelle. Au lieu de cela, je vais d’abord parler des aliments végétariens que les lwa haïtiens consomment fréquemment. Les fruits locaux, les legumes, aussi bien que les arbres et les plantes qui les produisent sont essentiels aux cérémonies Vodou à touts les égards. Les bananes, le riz et le manioc parmi beaucoup d’autres, sont consommés par les divinités les plus vénérables du Vaudou. Papa Legba, lui même, qui garde la croisée entre les mondes spirituels et matériels, a besoin de ces aliments. Il est toujours le premier esprit à être appelé à une cérémonie: c’est lui qui donne accès aux autres esprits. Si Papa Legba est impuissant, aucun service Vodou ne peut se faire.
L’arbre de vie – Les dieux de la sagesse et du savoir-faire ancestral, Danmbala Wèdo et son épouse Ayida Wèdo, qui sont traditionnellement représentés par une paire de serpents, ont une prédiléction pour les bananiers. Dans la mythologie du Vaudou, le bananier est l’arbre des premiers et plus grands prêtre et prêtresse, et le serpent se nourrit de ce fruit. L’arbre symbolise la vie éternelle car il est hemaphrodite et peut grandir sans cesse de nouvelles pousses. Les immenses feuilles sont un passage pour Ginen: le paradis terrestre des esclaves haïtiens. Dans certaines cérémonies, comme les consécrations des tambours ou des aliments, le sol du temple Vaudou est recouvert de feuilles de bananiers, et des gestes symboliques sont effectués sur eux pour représenter le voyage des objets ou des aliments à Ginen pour leur bénédiction. Un fait intéressant: la banane était un aliment fondamental pour les esclaves à l’époque colonial. Les bananiers sont considérés comme ayant été les premières cultures de fruits, originaires de Nouvelle-Guinée aux alentours de 8000 BC et atteignant l’Afrique vers 3000 BC.
Riz et haricots – Les grands esprits Danmbala et Ayida Wèdo aiment non seulement les bananes, mais aussi les offrandes de riz, de lait, d’œuf et de pâtisseries blanches. Èzili Freda, déesse de l’amour, de la beauté et de l’art, est l’une de plusieurs autres divinités qui aiment les aliments blancs. Elle aime le riz au lait et aussi les bananes frites couvertes de sucre, les mangues à chair blanche, les œufs frits, et le lait parfumé à la cannelle. D’autres divinités qui apprécient ces aliments incluent les esprits de l’eau, tels que Lasirèn, déesse de l’océan et de la musique, et Agwe, dieu de la navigation et de la pêche. La famille des dieux Ogou, qui président à la guerre, à la métallurgie, au feu et à la foudre, n’ont pas de préférence particulière pour des aliments blancs, même si eux aussi, ils mangent du riz; ils prennent leur riz cuit avec des haricots rouges. En touts cas, les variétés de riz et de haricots favorisées par les dieux sont locales.
Le maïs et le manioc – Aux cérémonies du Vaudou, le maïs n’est jamais très loin. Par exemple, les dessins sacrés, appelés veve, sont généralement fabriqués avec de la farine de maïs. Le prêtre ou la prêtresse dessine avec la farine de façon appropriée pour les dieux ainsi convoqués, sur la terre du temple vaudou, qui est une cour circulaire, couverte, et avec un poteau central. Les offrandes rituelles d’aliments sont finalement placées sur ces dessins, qui sont censés concentrer les énergies pour faire appel aux divinités. Le maïs, grillé en épi, est également un aliment de base des célébrations Vaudou, ainsi que le manioc et les arachides grillées. Ces aliments sont généralement disposés en petits groupes sur le veve, et ils sont souvent soupoudrés sur les animaux de la cérémonie. L’akasan, une boisson de farine de maïs, est également souvent bu pendant les cérémonies.
Le manioc (yanm en kreyòl haïtien) est tellement important qu’il est au centre d’une fête de la moisson qui dure pendant deux jours. Ce festival Vaudou d’action de grâces, appelé Manje Yanm, se passe aux alentours du 25 au 26 Novembre. Manje Yanm commémore la connexion faite par le manioc entre l’Afrique, dont il est originaire, et le Nouveau Monde. Cette fête de la moisson célèbre aussi le dieu Vaudou de l’agriculture, Zaka, généralement appelé affectueusement Kouzen Zaka (cousin Zaka). Le premier jour du festival, le manioc frais et d’autres aliments sont récoltés, consacrés, et offerts à Zaka durant la nuit. Le deuxième jour, les aliments sont cuits, la part pour Zaka est enterrée, et le reste est consommé dans une fête qui inclut habituellement, à part du manioc, des bananes, du riz, des haricots, des avocats, du maïs, de l’orge, et du poisson. Seulement après, avec la bénédiction de Zaka, la récolte peut continuer son cours.
Les animaux
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La grande majorité des dieux du Vaudou mangent de la viande, bien que Kouzen Zaka prefère les fruits de la terre, et que Gran Bwa, le dieu de la forêt et de la médecine à base de plantes, aime les gâteaux d’arachide, le pain et la semoule de maïs. Il semblerait que Gran Bwa est végétarien. Les offrandes d’animaux sont coûteuses pour la plupart des Haïtiens. En outre, en ce qui concerne les sacrifices d’animaux, les dieux sont extrêmement particuliers. En touts cas, dans le cadre de la cérémonie du sacrifice, les animaux sont donnés de la nourriture avant l’abattage, et sont considérés comme devenant un avec la personne qui a demandé la cérémonie à l’instant où l’animal accepte cette nourriture. De plus, à ce moment là, l’énergie de l’animal est acceptée par le dieu qui a été convoqué. Alors, les animaux sacrifiés sont traités avec beaucoup de respect.
Les animaux pour nourrir les dieux peuvent être des colombes, des poules, des coqs, des cochons, des chèvres, des bœufs, des taureaux, et des poissons. Tout est codifié: y compris l’âge de l’animal, sa couleur et ses marquages, son traitement avant qu’il soit tué, les prières qui précèdent l’abattage, l’abattage même (à partir de la consécration de l’instrument utilisé pour tuer l’animal, la méthode rapide et ritualisée de mise à mort), l’offrande du sang de l’animal et des entrailles consacrés aux dieux, jusqu’à la présentation finale de la viande cuite. Considérons l’exemple de Papa Legba. Ses légumes doivent tous être grillés sur un feu à air libre; son animal sacrificiel, généralement un coq, doit être tué et coupé sans casser un de ses os, et enfin cuit sans enlever ses pieds, sauf les ongles et les éperons; et finalement, tous les aliments doivent être servis dans une calebasse rouge.
Parmi les dieux qui aiment les aliments blancs, Agwe accepte des poulets blancs, moutons blancs, ou chèvres blanches. D’autre part, Danmbala et Ayida Wèdo, qui sont des dieux serpents, n’accepteraient pas les moutons et les chèvres, mais ils prendraient des poulets blancs; Èzili Freda préfère des colombes blanches. La famille des dieux Gede, qui gouvernent la mort et la sexualité ont un goût pour les aliments noirs, y compris des poulets noirs, coqs noirs, chèvres noires, vaches noires, ou du hareng salé, dépendant du dieu. Bosou, le dieu de la virilité (des hommes et des semences) et de la violence, aime les cochons noirs, comme aussi Èzili Dantò, la déesse de l’amour féroce et de la maternité.
Les cochons noirs figurent également dans le Manje Mò, une alimentation rituelle des ancêtres qui a lieu vers la fin du mois d’Avril. Typiquement, un ragoût est préparé, uniquement par des hommes et sans sel, contenant du maïs, des haricots rouges, du bœuf et des pieds de porc. Ceci est servi aux morts, avec des melons, des arachides grillées et des épis de maïs, de la noix de coco, du lait, du riz, des gâteaux blancs, de la soude et du rhum, dans une pièce qui est fermée pendant plusieurs heures pendant qu’à l’extérieur on dit des prières et des incantations. Enfin, le chef de la famille frappe à la porte, puis rentre; il revient avec les aliments, qui sont d’abord offerts aux quatre points cardinaux, puis aux enfants, et au reste de la maison. Une partie est également mise à un carrefour pour Papa Legba.
Kleren (un rhum haïtien partiellement distillé), du rhum, du café, et du cola doux carbonisé, tous fabriqués en Haïti, sont les boissons préférées des dieux; le tabac, les cigares, les cigarettes, les fleurs et les parfums fabriqués localement sont parmi leurs cadeaux préférés.
Conséquences de la perte du cochon créole et du riz haïtien
Il va sans dire que si une colombe ou un coq ne peuvent pas être substitués par un poulet, ou même un poulet moucheté pour un poulet blanc, on ne peut pas substituer un poulet fermier américain pour un poulet haïtien en offrande aux dieux Vaudou. De même, le riz d’Arkansas qui a été forcé sur Haïti par Bill Clinton n’est pas acceptable en substitution pour les trois variétés haïtiennes de riz qui sont beaucoup plus délicieuses et fondamentales dans les célébrations des grandes divinités comme Papa Legba, ou Danmbala et Ayida Wèdo. De même, on ne peut, pour rendre hommage à ses morts, ou convoquer Bosou ou Èzili Dantò, substituer n’importe quel cochon, ou même n’importe quel cochon noir, pour le cochon créole qui s’était adapté à l’île pendant plus de 300 ans et a été systématiquement éradiqué par l’USAID en 1982. Il est important de comprendre que toute attaque à l’agriculture haïtienne et contre les paysans haïtiens est potentiellement mortelle à toute la culture haïtienne et même à l’intégrité d’Haïti en tant qu’une culture et une nation. Un tel affront constitue rien de moins qu’une déclaration de guerre contre tous les Haïtiens, qu’elle soit perçue ou non.
J’exhorte tous les Haïtiens à considérer ceci: s’il faut toute une vie pour comprendre la plupart des religions, vous êtes dans l’obligation d’étudier le Vaudou, pour la simple raison que c’est important et un acte d’amour propre d’abord et avant tout, de comprendre sa culture. Certains occidentaux disent que le Vodou est l’adoration du diable, et même ceux plus éduqués qui appellent le Vodou un culte des ancêtres, polythéiste, païen, animiste ou une religion dansée, la comprenne de la même manière qu’un enfant pense qu’il comprend l’animal qui vit et respire en disant « vache » lorsqu’on lui montre un dessin en deux dimensions dans un livre d’images. Le Vodou est tout cela, mais plus que tout, c’est la religion des dieux qui ont incité et puis se sont battu aux côtés des hommes et des femmes dans la seule révolte d’esclaves du monde qui a porté ses fruits. Le Vaudou est une religion vivante, évolutive, et non-hiérarchique qui échappe toute association a des concepts occidentaux. Nos ancêtres méritent d’être considérés comme des divinités à part entière pour avoir établi une nouvelle république, avec sa culture, sa langue, ainsi qu’une religion pour inaugurer leur révolution dans un mode de vie durable: ceci, alors que les deux tiers de ces anciens esclaves étaient encore des nouveaux arrivants d’Afrique. C’est notre devoir de les garder vivants, repus, et forts.
Sources: NewsJunkie Post (anglais) | Peintures une et neuf par l’artiste haïtien et prêtre Vaudou Gérard Fortuné; photo deux par Stefan Krasowski.
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