Le génie de Chavez: Par Fidel Castro | La genialidad de Chávez: Por Fidel Castro
Le président Chávez a fait rapport devant le parlement vénézuélien de l’action de son gouvernement en 2011 et de son programme pour l’année en cours. Après avoir rempli rigoureusement toutes les formalités qu’implique cet important exercice, il s’est adressé aux autorités officielles de l’État, aux parlementaires de tous les partis, aux sympathisants et aux adversaires dans le cadre de la cérémonie la plus solennelle du pays. À son habitude, le leader bolivarien a été aimable et respectueux envers toutes les personnes présentes. Si l’une d’entre elles demandait la parole pour un éclaircissement, il lui en offrait aussitôt la possibilité. Quand une parlementaire, qui l’avait salué aimablement à l’instar d’autres adversaires, a demandé la parole, il a interrompu son rapport et la lui a cédée en un geste d’une grande hauteur politique.
Elle a alors interpellé le président en des phrases d’une dureté extrême qui ont mis sa noblesse et son sang-froid à l’épreuve, utilisant même le qualificatif insultant de « voleur » pour juger sa conduite à cause des lois et des mesures qu’il a adoptées. Il s’agissait sans conteste d’une offense, même si ce n’était pas là l’intention de la parlementaire. Néanmoins, il a été capable de répondre avec sérénité. Après s’être enquis du terme exact qu’elle avait employé, il a répliqué élégamment et posément à sa demande d’un débat public par un dicton : « L’aigle n’attrape pas les mouches », puis il a poursuivi sereinement son exposé. Ce fut là une preuve insurpassable d’agilité mentale et de contrôle de soi. Une autre femme, d’origine incontestablement modeste, s’étonna en des phrases émues et profondes de ce qu’elle venait de voir, ce qui déclencha les applaudissements de l’immense majorité de l’auditoire, autrement dit de tous les amis du président et, semble-t-il, de nombre de ses adversaires.
Chávez a rendu compte de la gestion de son gouvernement pendant plus de neuf heures d’affilée, sans que l’intérêt faiblisse une seconde, et son rapport a été suivi, peut-être à cause de cet incident, par un nombre incalculable de personnes. Moi qui ai abordé bien souvent des problèmes difficiles dans de longs discours, en m’efforçant toujours au maximum de bien faire comprendre mes idées, j’ai du mal à m’expliquer comment ce militaire d’origine modeste, mais à l’esprit agile et au talent sans pareil, a été capable d’un tel déploiement d’éloquence sans perdre la voix ni ses forces. La politique est pour moi le combat prolongé et résolu des idées. La publicité est le lot des publicitaires qui connaissent sans doute les techniques requises pour que les auditeurs, les spectateurs et les lecteurs fassent ce qu’on leur dit. Si cette science ou cet art ou comme on veut l’appeler servait au bien de l’humanité, elle mériterait du respect, celui-là même que méritent ceux qui apprennent aux autres l’habitude de penser.
Un grand combat se livre aujourd’hui au Venezuela. Les ennemis intérieurs et extérieurs de la révolution préfèrent le chaos, comme l’affirme Chávez, plutôt que le développement juste, ordonné et pacifique du pays. Quiconque a pris l’habitude d’analyser les faits survenus durant plus d’un demi-siècle et d’observer avec toujours plus de preuves l’histoire hasardeuse de notre époque et le comportement humain finit presque toujours par arriver à prédire le cours des événements. Promouvoir une révolution profonde n’était pas chose aisée au Venezuela, un pays à l’histoire glorieuse mais immensément riche en ressources qui sont d’une importance vitale pour les puissances impérialistes qui ont tracé et tracent encore les destinées du monde.
Des dirigeants politiques dans le style de Rómulo Betancourt et de Carlos Andrés Pérez étaient dépourvus des moindres qualités personnelles pour ce faire. De plus, le premier était excessivement vaniteux et hypocrite. Il avait largement eu l’occasion de connaître la réalité vénézuélienne. Il avait été membre du Bureau politique du parti communiste costaricien dans sa jeunesse. Il connaissait bien l’histoire de l’Amérique latine et le rôle de l’impérialisme, les taux de pauvreté et le pillage impitoyable des ressources naturelles du continent. Il ne pouvait ignorer que, même si le Venezuela était immensément riche, la grande majorité de sa population vivait dans la pauvreté extrême. Les archives de toutes sortes le prouvent d’une manière irréfutable.
Comme l’a dit Chávez si souvent, le Venezuela a été pendant plus d’un demi-siècle le plus gros exportateur de pétrole au monde ; des bâtiments de guerre européens et yankees intervinrent au début du XXe siècle pour appuyer un gouvernement illégal et tyrannique qui avait bradé le pays aux monopoles étrangers. On sait bien que des sommes énormes sortaient du pays pour grossir le patrimoine des monopoles étrangers et de l’oligarchie vénézuélienne.
Quand je me suis rendu pour la première fois au Venezuela après la victoire de la Révolution pour le remercier de sa sympathie et de son appui à notre lutte, le baril de pétrole valait à peine deux dollars. Quand j’y suis allé assister à l’investiture de Chávez – le jour où il a prêté serment sur la « Constitution moribonde » que soutenait Calderas – le baril en valait sept, même si quarante ans s’étaient écoulés depuis et trente ans depuis que le « bienfaiteur » Richard Nixon avait décrété la fin de l’étalon-or face au dollar et que les États-Unis avaient commencé à acheter le monde à coups de papier-monnaie. Pendant un siècle, le Venezuela fournit du pétrole bon marché à l’économie de l’Empire et fut un exportateur net de capitaux vers les pays développés et riches. Pourquoi ces réalités répugnantes prédominèrent-elles pendant plus d’un siècle ?
Les officiers des forces armées latino-américains disposaient aux États-Unis d’écoles privilégiées où les champions olympiques de la démocratie leur enseignaient dans des cours spéciaux à préserver l’ordre impérialiste et bourgeois. Les coups d’État étaient les bienvenus pourvu qu’ils servent à « défendre les démocraties », à préserver et à garantir cet ordre si sordide, en alliance avec les oligarchies ; peu importait que les électeurs sachent lire et écrire ou non, aient un logement ou non, un emploi, des services médicaux et des écoles à condition que le droit de propriété sacro-saint soit garanti. Chávez explique ces réalités d’une manière magistrale. Nul ne connaît mieux que lui ce qu’il se passait dans nos pays.
Pis encore, la sophistication de l’armement moderne, la complexité de son exploitation et de son maniement qui exige des années d’apprentissage, la formation de spécialistes hautement qualifiés, ses coûts quasiment inaccessibles pour les économies faibles du sous-continent, tout ceci créait un mécanisme de subordination et de dépendance supplémentaire. La Maison-Blanche, sans même consulter les gouvernements, traçait des normes et déterminait des politiques à l’adresse des militaires à travers différents mécanismes. Les techniques de torture les plus perfectionnées étaient transmises aux organes de sécurité pour qu’ils sachent interroger ceux qui se rebellaient contre ce système de famine et d’exploitation immonde et répugnant. Néanmoins, maints officiers honnêtes, écœurés de tant d’impudeur, tentèrent vaillamment de mettre fin à cette trahison ignominieuse de l’histoire de nos lutte d’indépendance.
En Argentine, Juan Domingo Perón, officier de l’armée, fut capable de concevoir une politique indépendante et de racines ouvrières. Renversé par un putsch militaire sanglant, il fut expulsé du pays et dut vivre en exil de 1955 à 1973. Quelques années après, sous l’égide des Yankees, les militaires assaillirent de nouveau le pouvoir, assassinèrent, torturèrent et firent disparaître des milliers d’Argentins, et ne furent même pas capables de défendre le pays lors de la guerre coloniale que l’Angleterre mena avec l’appui complice des États-Unis et d’un nervi, Augusto Pinochet, et de sa cohorte d’officiers fascistes formés à l’École des Amériques.
Le colonel Francisco Caamaño Deñó à Saint-Domingue, le général Velazco Alvarado au Pérou, le général Omar Torrijos au Panama, et d’autres capitaines et officiers dans d’autres pays qui sacrifièrent leur vies d’une manière anonyme constituèrent l’antithèse de la traîtrise personnifiée par Somoza, Trujillo, Stroessner, et par les dictateurs sanguinaires d’Uruguay, d’El Salvador et d’autres pays d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud. Les militaires révolutionnaires ne formulaient pas des vues peaufinées dans tous les détails, et nul n’aurait eu le droit de l’exiger d’eux : ce n’étaient pas des académiciens versés en politique, mais des hommes ayant le sens de l’honneur et aimant leur pays.
Et pourtant, l’on a vu jusqu’où des hommes honnêtes, refusant l’injustice et le crime, sont capables d’aller sur les chemins de la révolution. Le Venezuela constitue un brillant exemple du rôle théorique et pratique que les militaires révolutionnaires peuvent jouer dans la lutte pour l’indépendance de nos peuples, comme ils le firent voilà deux siècles sous la direction géniale de Simón Bolívar.
Chávez, un militaire d’origine modeste, fait irruption dans la vie politique vénézuélienne en puisant dans les idées du libérateur de l’Amérique. Martí écrivit au sujet de Bolivar, cette source d’inspiration intarissable :
« Il gagna des batailles sublimes, avec des soldats nu pieds et en haillons […] jamais on ne se battit tant ni mieux dans le monde pour la liberté… […] …de Bolívar, on ne peut parler qu’avec une montagne pour tribune […] ou une poignée de peuples libres au poing… […] ce qu’il n’a pas fait lui-même n’est toujours pas fait à ce jour, parce que Bolívar a encore à faire en Amérique. »
Plus d’un demi-siècle plus tard, le grand poète Pablo Neruda écrivit un poème que Chávez répète souvent, et dont la dernière strophe affirme :
Je connus Bolívar par une longue matinée,
À Madrid, à la bouche du 5e régiment,
Père, lui dis-je, es-tu ou n’es-tu pas, et qui es-tu ?
Et regardant la caserne de la Montagne, il dit :
« Je m’éveille tous les cent ans, quand le peuple s’éveille. »
Mais le dirigeant bolivarien ne se borne à des formulations théoriques. Il prend sans attendre des mesures concrètes. Les pays anglophones des Caraïbes, auxquels les navires de croisière modernes et luxueux des États-Unis disputaient le droit d’accueillir des touristes dans leurs hôtels, leurs restaurants et leurs centres de loisirs qui, bien que souvent de propriété étrangère, engendraient du moins des emplois, sauront toujours gré au Venezuela de leur livrer du pétrole assorti de facilités de paiement spéciales alors que le baril dépassait parfois les cent dollars.
Le petit Nicaragua, patrie de Sandino, ce « général d’hommes libres », où l’Agence centrale de renseignement organisa par Luis Posada Carriles interposé, après avoir libéré celui-ci de prison au Venezuela, des échanges d’armes contre des drogues dans le cadre d’une guerre qui coûta des milliers de victimes et d’invalides à ce peuple héroïque, a aussi bénéficié de l’appui solidaire du Venezuela. Ce sont là des exemples sans précédent sur notre continent.
Le Traité de libre-échange, cet accord ruineux que les Yankees prétendent imposer à l’Amérique latine, comme ils l’ont fait pour le Mexique, feraient des pays latino-américains et caribéens non seulement la région du monde où la richesse est la plus mal distribuée, ce qu’elle est déjà, mais encore en un marché gigantesque où jusqu’au maïs et aux autres cultures qui sont des sources traditionnelles de protéines végétales et animales seraient écartés au profit des cultures subventionnées des États-Unis, comme cela se passe d’ores et déjà en territoire mexicain. Les voitures d’occasion et d’autres biens remplacent ceux de l’industrie mexicaine ; villes et campagnes y perdent leurs capacités de générer des emplois ; les ventes d’armes et de drogues y augmentent ; toujours plus d’adolescents d’à peine quatorze ou quinze ans sont convertis en de redoutables délinquants. On n’avait jamais encore vu à ce jour que des cars ou d’autres véhicules remplis de personnes qui, en quête d’emplois, ont acheté un billet pour être transportées de l’autre côté de la frontière soient détournés et leurs passagers abattus sans pitié. Des chiffres semblables augmentent d’année en année. Plus de dix mille personnes y perdent la vie chaque année.
On ne saurait analyser la Révolution bolivarienne sans tenir compte de ces réalités. En de telles circonstances sociales, les forces armées sont contraintes de livrer des guerres interminables et dévastatrices.
Le Honduras n’est pas un pays industrialisé, financier ou commercial, même pas un gros producteur de drogues, et pourtant certaines de ses villes battent des records de morts violentes à cause des drogues. En revanche, une importante base des forces stratégiques du Commandement Sur des États-Unis y arbore son étendard. Tel est le panorama dantesque dans plus d’un pays latino-américain. Mais certains commencent à s’en sortir. En premier lieu, le Venezuela, mais non seulement parce qu’il possède d’abondantes ressources naturelles, mais aussi parce qu’il les a arrachées à la cupidité insatiable des transnationales étrangères et a libéré des forces politiques et sociales considérables capables de remporter de grandes conquêtes. Le Venezuela d’aujourd’hui est très différent du pays que j’ai connu voilà douze ans à peine, et j’avais déjà été impressionné profondément de le voir renaître, tel le phénix, de ses cendres historiques.
Les États-Unis et la CIA, faisant allusion au mystérieux ordinateur de Raúl Reyes, qui est entre leurs mains après qu’ils eurent organisé et déclenché en plein territoire équatorien une attaque au cours de laquelle le remplaçant de Marulanda et plusieurs jeunes latino-américains désarmés ont été assassinés, ont lancé la version que Chávez appuyait « l’organisation narcoterroriste des FARC ». Or, les vrais terroristes et trafiquants de drogues en Colombie, c’étaient les paramilitaires qui fournissaient aux trafiquants étasuniens les drogues vendues sur le plus gros marché de stupéfiants au monde, les États-Unis
Je n’ai jamais parlé à Marulanda ; seulement avec des écrivains et des intellectuels qui le connaissaient bien. J’ai analysé ses idées et son histoire. Je n’hésite pas à affirmer que c’était quelqu’un de courageux et de révolutionnaire. J’ai expliqué que je ne partageais pas ses conceptions tactiques. À mon avis, il aurait suffi de deux ou trois mille hommes pour vaincre en Colombie une armée de métier classique. Son erreur était de concevoir une armée révolutionnaire possédant presque autant de soldats que l’adversaire. C’était là extrêmement coûteux et virtuellement impossible à gérer.
La technologie a changé aujourd’hui bien des aspects de la guerre ; les formes de lutte changent aussi. De fait, un affrontement de forces conventionnelles entre des puissances nucléaires est devenu impossible. Il n’est pas besoin des connaissances d’Albert Einstein, de Stephen Hawking et de milliers d’autres scientifiques pour le comprendre. C’est un danger latent, dont on connaît l’issue, ou du moins qu’on devait connaître. Il pourrait s’écouler des millions d’années avant que d’autres êtres pensants repeuplent la planète. Je soutiens malgré tout que lutter est un devoir inné en l’homme, qu’il doit chercher des solutions qui lui permettent de vivre plus rationnellement et plus dignement.
Dès que j’ai fait la connaissance de Chávez, je l’ai toujours vu s’intéresser à la paix en Colombie. Une fois à la présidence, dans les dernières années du gouvernement Pastrana, il a facilité des réunions entre celui-ci et les révolutionnaires colombiens à Cuba, mais, qu’on le comprenne bien, en vue d’un accord de paix véritable, non d’une reddition. Je ne me rappelle pas avoir écouté Chávez promouvoir en Colombie autre chose que la paix, ni même mentionner Raúl Reyes. Nous avons toujours abordé d’autres questions. Il apprécie grandement les Colombiens dont des millions vivent au Venezuela et bénéficient tous des mesures sociales adoptées par la Révolution, et le peuple colombien l’apprécie presque autant que le peuple vénézuélien.
Je tiens à exprimer ma solidarité et mon estime envers le général Henry Rangel Silva, chef du commandement stratégique opérationnel des forces armées, qui vient d’être nommé ministre de la Défense de la République bolivarienne. J’ai eu l’honneur de le connaître quand voilà maintenant plusieurs mois, il a rendu visite à Chávez dans notre pays. J’ai vu en lui quelqu’un d’intelligent et de décent, à la fois capable et modeste. J’ai écouté son discours serein, courageux et clair, qui inspire confiance. Il a dirigé l’organisation du défilé le plus parfait que j’ai vu de la part de forces armées latino-américaines, et j’espère qu’il servira d’encouragement et d’exemple aux autres armées sœurs. Les Yankees, qui n’ont rien eu à voir avec ce défilé, seraient incapables de faire mieux. Il est extrêmement injuste de critiquer Chávez pour avoir investi des ressources dans les armes excellentes qui y ont été montrées. Je suis sûr qu’elles ne seront jamais utilisées pour agresser un pays frère. Les armes, les ressources et les connaissances devront marcher à l’unisson sur les voies de l’unité pour former en Amérique, comme le rêvait le libertador [Simon Bolivar – NdR], « la plus grande nation du monde, moins par son étendue et sa richesse, que par sa liberté et sa gloire ».
Tout nous unit plus que l’Europe ou les États-Unis, sauf le manque d’indépendance qu’on nous a imposé pendant deux cents ans.
Fidel Castro Ruz
Le 25 janvier 2012
20 h 32
Notes de l’éditeur: Traduction de l’originale du Cuba Debate en espagnol le 25 janvier 2012 par Fidel Castro Ruz. Trouvez la version anglaise ici. Toutes photos, exceptées la premiere et derniere, par Bernardo Londoy.
El presidente Chávez presentó ante el Parlamento de Venezuela su informe sobre la actividad realizada en 2011 y el programa a ejecutar en el año actual. Después de cumplir rigurosamente las formalidades que demanda esa importante actividad, habló en la Asamblea a las autoridades oficiales del Estado, a los parlamentarios de todos los partidos, y a los simpatizantes y adversarios que el país reúne en su acto más solemne.
El líder bolivariano fue amable y respetuoso con todos los presentes como es habitual en él. Si alguno le solicitaba el uso de la palabra para alguna aclaración, le concedía de inmediato esa posibilidad. Cuando una parlamentaria, que lo había saludado amablemente igual que otros adversarios, solicitó hablar, interrumpió su informe y le cedió la palabra, en un gesto de gran altura política. Llamó mi atención la dureza extrema con que el Presidente fue increpado con frases que pusieron a prueba su caballerosidad y sangre fría. Aquello constituía una incuestionable ofensa, aunque no fuese la intención de la parlamentaria. Sólo él fue capaz de responder con serenidad al insultante calificativo de “ladrón” que ella utilizó para juzgar la conducta del Presidente por las leyes y medidas adoptadas.
Después de cerciorarse sobre el término exacto empleado, respondió a la solicitud individual de un debate con una frase elegante y sosegada “Águila no caza moscas”, y sin añadir una palabra, prosiguió serenamente su exposición.
Fue una prueba insuperable de mente ágil y autocontrol. Otra mujer, de incuestionable estirpe humilde, con emotivas y profundas palabras expresó el asombro por lo que había visto e hizo estallar el aplauso de la inmensa mayoría allí presente, que por el estampido de los mismos, parecía proceder de todos los amigos y muchos de los adversarios del Presidente.
Más de nueve horas invirtió Chávez en su discurso de rendición de cuentas sin que disminuyera el interés suscitado por sus palabras y, tal vez debido al incidente, fue escuchado por incalculable número de personas. Para mí, que muchas veces abordé arduos problemas en extensos discursos haciendo siempre el máximo esfuerzo para que las ideas que deseaba trasmitir se comprendieran, no alcanzo a explicarme cómo aquel soldado de modesto origen era capaz de mantener con su mente ágil y su inigualable talento tal despliegue oratorio sin perder su voz ni disminuir su fuerza.
La política para mí es el combate amplio y resuelto de las ideas. La publicidad es tarea de los publicistas, que tal vez conocen las técnicas para hacer que los oyentes, espectadores y lectores hagan lo que se les dice. Si tal ciencia, arte o como le llamen, se empleara para el bien de los seres humanos, merecerían algún respeto; el mismo que merecen quienes enseñan a las personas el hábito de pensar.
En el escenario de Venezuela se libra hoy un gran combate. Los enemigos internos y externos de la revolución prefieren el caos, como afirma Chávez, antes que el desarrollo justo, ordenado y pacífico del país. Acostumbrado a analizar los hechos ocurridos durante más de medio siglo, y de observar cada vez con mayores elementos de juicio la azarosa historia de nuestro tiempo y el comportamiento humano, uno aprende casi a predecir el desarrollo futuro de los acontecimientos.
Promover una Revolución profunda no era tarea fácil en Venezuela, un país de gloriosa historia, pero inmensamente rico en recursos de vital necesidad para las potencias imperialistas que han trazado y aún trazan pautas en el mundo.
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Como tantas veces ha explicado Chávez, Venezuela durante más de medio siglo fue el mayor exportador de petróleo en el mundo; buques de guerra europeos y yankis a principios del siglo XX intervinieron para apoyar un gobierno ilegal y tiránico que entregó el país a los monopolios extranjeros. Es bien conocido que incalculables fondos salieron para engrosar el patrimonio de los monopolios y de la propia oligarquía venezolana.
A mí me basta recordar que cuando visité por primera vez a Venezuela, después del triunfo de la Revolución, para agradecer su simpatía y apoyo a nuestra lucha, el petróleo valía apenas dos dólares el barril.
Cuando viajé después para asistir a la toma de posesión de Chávez, el día que juró sobre la “moribunda Constitución” que sostenía Calderas, el petróleo valía 7 dólares el barril, a pesar de los 40 años transcurridos desde la primera visita y casi 30 desde que el “benemérito” Richard Nixon había declarado que el canje metálico del dólar dejaba de existir y Estados Unidos comenzó a comprar el mundo con papeles. Durante un siglo la nación fue suministradora de combustible barato a la economía del imperio y exportadora neta de capital a los países desarrollados y ricos.
¿Por qué predominaron durante más de un siglo estas repugnantes realidades?
Los oficiales de las Fuerzas Armadas de América Latina tenían sus escuelas privilegiadas en Estados Unidos, donde los campeones olímpicos de las democracias los educaban en cursos especiales destinados a preservar el orden imperialista y burgués. Los golpes de Estado serían bienvenidos siempre que estuvieran destinados a “defender las democracias”, preservar y garantizar tan repugnante orden, en alianza con las oligarquías; si los electores sabían o no leer y escribir, si tenían o no viviendas, empleo, servicios médicos y educación, eso carecía de importancia siempre que el sagrado derecho a la propiedad fuese sostenido. Chávez explica esas realidades magistralmente. Nadie conoce como él lo que ocurría en nuestros países.
Lo que era todavía peor, el carácter sofisticado de las armas, la complejidad en la explotación y el uso del armamento moderno que requiere años de aprendizaje, y la formación de especialistas altamente calificados, el precio casi inaccesible de las mismas para las economías débiles del continente, creaba un mecanismo superior de subordinación y dependencia. El Gobierno de Estados Unidos a través de mecanismos que ni siquiera consultan a los gobiernos, traza pautas y determina políticas para los militares. Las técnicas más sofisticadas de torturas se trasmitían a los llamados cuerpos de seguridad para interrogar a los que se rebelaban contra el inmundo y repugnante sistema de hambre y explotación.
A pesar de eso, no pocos oficiales honestos, hastiados por tantas desvergüenzas, intentaron valientemente erradicar aquella bochornosa traición a la historia de nuestras luchas por la independencia.
En Argentina, Juan Domingo Perón, oficial del Ejército, fue capaz de diseñar una política independiente y de raíz obrera en su país. Un sangriento golpe militar lo derrocó, lo expulsó de su país, y lo mantuvo exiliado desde 1955 hasta 1973. Años más tarde, bajo la égida de los yankis, asaltaron de nuevo el poder, asesinaron, torturaron y desaparecieron a decenas de miles de argentinos, y no fueron siquiera capaces de defender el país en la guerra colonial contra Argentina que Inglaterra llevó a cabo con el apoyo cómplice de Estados Unidos y el esbirro Augusto Pinochet, con su cohorte de oficiales fascistas formados en la Escuela de las Américas.
En Santo Domingo, el Coronel Francisco Caamaño Deñó; en Perú, el General Velazco Alvarado; en Panamá, el General Omar Torrijos; y en otros países capitanes y oficiales que sacrificaron sus vidas anónimamente, fueron las antítesis de las conductas traidoras personificadas en Somoza, Trujillo, Stroessner y las sanguinarias tiranías de Uruguay, El Salvador y otros países de Centro y Sur América. Los militares revolucionarios no expresaban puntos de vista teóricamente elaborados en detalles, y nadie tenía derecho a exigírselos, porque no eran académicos educados en política, sino hombres con sentido del honor que amaban su país.
Sin embargo, hay que ver hasta donde son capaces de llegar por los senderos de la revolución hombres de tendencia honesta, que repudian la injusticia y el crimen.
Venezuela constituye un brillante ejemplo del rol teórico y práctico que los militares revolucionarios pueden desempeñar en la lucha por la independencia de nuestros pueblos, como ya lo hicieron hace dos siglos bajo la genial dirección de Simón Bolívar.
Chávez, un militar venezolano de humilde origen, irrumpe en la vida política de Venezuela inspirado en las ideas del libertador de América. Sobre Bolívar, fuente inagotable de inspiración, Martí escribió: “ganó batallas sublimes con soldados descalzos y medio desnudos […] jamás se peleó tanto, ni se peleó mejor, en el mundo por la libertad…”
“… de Bolívar -dijo- se puede hablar con una montaña por tribuna […] o con un manojo de pueblos libres en el puño…”
“… lo que él no dejó hecho, sin hacer está hasta hoy; porque Bolívar tiene que hacer en América todavía.”
Más de medio siglo después el insigne y laureado poeta Pablo Neruda escribió sobre Bolívar un poema que Chávez repite con frecuencia. En su estrofa final expresa:
“Yo conocí a Bolívar una mañana larga,
en Madrid, en la boca del Quinto Regimiento,
Padre, le dije, eres o no eres o quién eres?
Y mirando el Cuartel de la Montaña, dijo:
‘Despierto cada cien años cuando despierta el pueblo’.”
Pero el líder bolivariano no se limita a la elaboración teórica. Sus medidas concretas no se hacen esperar. Los países caribeños de habla inglesa, a los que modernos y lujosos buques cruceros yankis le disputaban el derecho a recibir turistas en sus hoteles, restaurantes y centros de recreación, no pocas veces de propiedad extranjera pero que al menos generaban empleo, agradecerán siempre a Venezuela el combustible suministrado por ese país con facilidades especiales de pago, cuando el barril alcanzó precios que a veces superaban los 100 dólares.
El pequeño Estado de Nicaragua, patria de Sandino, “General de Hombres Libres”, donde la Agencia Central de Inteligencia a través de Luis Posada Carriles, después de ser rescatado de una prisión venezolana, organizó el intercambio de armas por drogas que costó miles de vidas y mutilados a ese heroico pueblo, también ha recibido el apoyo solidario de Venezuela. Son ejemplos sin precedentes en la historia de este hemisferio.
El ruinoso Acuerdo de Libre Comercio que los yankis pretenden imponer a la América Latina, como hizo con México, convertiría los países latinoamericanos y caribeños no solo en la región del mundo donde peor está distribuida la riqueza, que ya lo es, sino también en un gigantesco mercado donde hasta el maíz y otros alimentos que son fuentes históricas de proteína vegetal y animal serían desplazados por los cultivos subsidiados de Estados Unidos, como ya está ocurriendo en territorio mexicano.
Los automóviles de uso y otros bienes desplazan a los de la industria mexicana; tanto las ciudades como los campos pierden su capacidad de empleo, el comercio de drogas y armas crece, jóvenes casi adolescentes con apenas 14 ó 15 años, en número creciente, son convertidos en temibles delincuentes. Jamás se vio que ómnibus u otros vehículos repletos de personas, que incluso pagaron para ser transportados al otro lado de la frontera en busca de empleo, fuesen secuestrados y eliminados masivamente. Las cifras conocidas crecen de año en año. Más de 10 mil personas están perdiendo ya la vida cada año.
No es posible analizar la Revolución Bolivariana sin tomar en cuenta estas realidades.
Las fuerzas armadas, en tales circunstancias sociales, se ven forzadas a interminables y desgastadoras guerras.
Honduras no es un país industrializado, financiero o comercial, ni siquiera gran productor de drogas, sin embargo algunas de sus ciudades rompen el record de muertos por violencia a causa de las drogas. Allí se yergue en cambio el estandarte de una importante base de las fuerzas estratégicas del Comando Sur de Estados Unidos. Lo que allí ocurre y está ocurriendo ya en más de un país latinoamericano es el dantesco cuadro señalado, de los cuales algunos países, han comenzado a salir. Entre ellos, y en primer lugar Venezuela, pero no solo porque posee cuantiosos recursos naturales, sino porque los rescató de la avaricia insaciable de las transnacionales extranjeras y ha desatado considerables fuerzas políticas y sociales capaces de alcanzar grandes logros. La Venezuela de hoy es otra muy distinta a la que conocí hace solo 12 años, y ya entonces me impresionó profundamente, al ver que como ave Fénix resurgía de sus históricas cenizas.
Aludiendo a la misteriosa computadora de Raúl Reyes, en manos de Estados Unidos y la CIA, a partir del ataque organizado y suministrado por ellos en pleno territorio ecuatoriano, que asesinó al sustituto de Marulanda y a varios jóvenes latinoamericanos desarmados, han lanzado la versión de que Chávez apoyaba la “organización narco-terrorista de las FARC”. Los verdaderos terroristas y narcotraficantes en Colombia han sido los paramilitares que le suministraban a los traficantes norteamericanos las drogas, que se venden en el mayor mercado de estupefacientes del mundo: Estados Unidos.
Nunca hablé con Marulanda, pero sí con escritores e intelectuales honrados que llegaron a conocerlo bien. Analicé sus pensamientos e historia. Era sin dudas un hombre valiente y revolucionario, lo cual no vacilo en afirmar. Expliqué que no coincidía con él en su concepción táctica. A mi juicio, dos o tres mil hombres habrían sido más que suficientes para derrotar en el territorio de Colombia a un ejército regular convencional. Su error era concebir un ejército revolucionario armado con casi tantos soldados como el adversario. Eso era sumamente costoso y virtualmente imposible de manejar.
Hoy la tecnología ha cambiado muchos aspectos de la guerra; las formas de lucha también cambian. De hecho el enfrentamiento de las fuerzas convencionales, entre potencias que poseen el arma nuclear, se ha tornado imposible. No hay que poseer los conocimientos de Albert Einstein, Stephen Hawking y miles de otros científicos para comprenderlo. Es un peligro latente y el resultado se conoce o se debiera conocer. Los seres pensantes podrían tardar millones de años en volver a poblar el planeta.
A pesar de todo, sostengo el deber de luchar, que es algo de por sí innato en el hombre, buscar soluciones que le permitan una existencia más razonada y digna.
Desde que conocí a Chávez, ya en la presidencia de Venezuela, desde la etapa final del gobierno de Pastrana, siempre lo vi interesado por la paz en Colombia, y facilitó las reuniones entre el gobierno y los revolucionarios colombianos que tuvieron por sede a Cuba, entiéndase bien, para un acuerdo verdadero de paz y no una rendición.
No recuerdo haber escuchado nunca a Chávez promover en Colombia otra cosa que no fuera la paz, ni tampoco mencionar a Raúl Reyes. Siempre abordábamos otros temas. Él aprecia particularmente a los colombianos; millones de ellos viven en Venezuela y todos se benefician con las medidas sociales adoptadas por la Revolución, y el pueblo de Colombia lo aprecia casi tanto como el de Venezuela.
Deseo expresar mi solidaridad y estima al General Henry Rangel Silva, Jefe del Comando Estratégico Operacional de las Fuerzas Armadas, y recién designado Ministro para la Defensa de la República Bolivariana. Tuve el honor de conocerlo cuando en meses ya distantes visitó a Chávez en Cuba. Pude apreciar en él un hombre inteligente y sano, capaz y a la vez modesto. Escuché su discurso sereno, valiente y claro, que inspiraba confianza.
Dirigió la organización del desfile militar más perfecto que he visto de una fuerza militar latinoamericana, que esperamos sirva de aliento y ejemplo a otros ejércitos hermanos.
Los yankis nada tienen que ver con ese desfile y no serían capaces de hacerlo mejor.
Es sumamente injusto criticar a Chávez por los recursos invertidos en las excelentes armas que allí se exhibieron. Estoy seguro de que jamás se utilizarán para agredir a un país hermano. Las armas, los recursos y los conocimientos deberán marchar por los senderos de la unidad para formar en América, como soñó El Libertador, “…la más grande nación del mundo, menos por su extensión y riqueza que por su libertad y gloria”.
Todo nos une más que a Europa o a los propios Estados Unidos, excepto la falta de independencia que nos han impuesto durante 200 años.
Fidel Castro Ruz
Enero 25 de 2012
8 y 32 p.m.
Fuente: Cuba Debate
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