Haïti: La propagation du choléra et la quête de l’argent par l’ONU
Par Dady Chery
Haiti Chery
Les Nations Unies ont causé 10 000 décès et 700 000 infections de choléra après le tremblement de terre désastreux d’Haïti du 12 Janvier 2010. Dans ce contexte c’est logique qu’une association continue avec l’ONU, après six ans d’inaction sur le choléra, suivie par les ravages de l’ouragan Matthew, ne pourrait qu’entraîner encore plus de décès.
L’ancien Secrétaire Général de l’ONU, Ban Ki-moon, a survolé la ville d’Aux Cayes, au sud d’Haïti le samedi, 16 Octobre 2016. Il a ensuite visité un lycée où des réfugiés étaient abrités. Les matelas mouillés par l’ouragan Matthew étaient à peine secs quand M. Ban Ki-moon et ses associés commençaient à planifier le prolongement du mandat de l’ONU en Haïti. L’ONU devait partir de l’île dans six mois; ces six mois sont devenus une année. Maintenant que l’ONU a formé environ 16 000 policiers haïtiens, il n’y a plus besoin d’une force des Nations Unies. En dépis de tout cela, il y a une mine d’or dans le choléra et les élections truquées. Comme l’avait projeté le journaliste Kim Ives, le prétexte mis en avant par l’ONU est qu’elle devrait rester jusqu’à l’instauration du nouveau gouvernement haïtien. L’ouragan a forcé un délai jusqu’au 20 Novembre 2016 du premier tour des élections présidentielles et de certaines élections législatives. Ces élections remplacent les élections de 2015, qui étaient frauduleuses et financées principalement par les Etats-Unis à travers le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).
Il y a deux mois, Ban Ki-moon commença à agir contrit pour avoir exacerber les dégâts du tremblement de terre en affligeant le choléra en Haiti. Avec son Envoyé Spécial de l’ONU, Bill Clinton, et la Secrétaire d’Etat américaine de l’époque, Hillary Clinton, Ban Ki-moon avait empêché un gouvernement légitime d’être élu et avait crée un fardeau pour l’infrastructure fragile d’Haïti avec des milliers de soldats de l’ONU venant de l’Asie du Sud-Est où le choléra est, par ailleurs, endémique. Ban Ki-moon a finalement reconnu à la mi-Août 2016, que les troupes népalaises avaient infecté Haïti et a attribué cette admission à un rapport du 8 Août d’un conseiller de l’ONU, Philip Alston, qui est professeur de droit à New York University.
Cette volte-face abrupte, après des années de refus d’accepter la responsabilité de l’ONU pour le choléra, a été probablement causé, non pas par le rapport d’Alston, mais par mon article du 8 Janvier 2016. Cet article a informé le public que, tandis que l’ONU combattait avec succès deux procédures légales par des victimes haïtiennes du cholera, les troupes de l’ONU infectaient Haïti encore une fois, après 2012, avec des souches de choléra, cette fois ci en provenance du Bangladesh. Ayant suivi de près les études scientifiques sur le choléra, j’ai donné au public la nouvelle que l’équipe du Dr Andrew Camilli de l’Université Tufts avait découvert un virus appelé ICP2 chez des malades haïtiens. Ce virus avait accompagné des cholérae dans les écréments non traités des soldats du Bangladesh. Le premier groupe de ces soldats, une unité entièrement féminine, avait rejoint le contingent de police de l’ONU en Haïti en 2012. Le rapport d’Alston a également déclaré que l’assainissement sur les bases de l’ONU en Haïti était restée inacceptable bien après 2010. À mon avis, l’article de l’AP sur ce rapport, publié dans le New York Times et prétendant critiquer l’ONU, n’était en fait qu’une préparation cynique de l’opinion publique pour la nouvelle que d’autres souches de choléra en provenance du Bangladesh existent en Haïti.
A ce jour, les missions des Nations Unies ont infecté mondialement au moins huit autres pays avec le choléra. Il s’agit de la République Démocratique du Congo (RDC), Darfour, le Soudan du Sud, le Mali, la République Centre Africaine (RCA), la Côte-d’Ivoire, le Liberia, et l’Abyei. En outre, l’ONU a toujours maintenu ses mensonges sur le choléra en Haïti.
En 2010, l’ONU était la première à savoir qu’elle avait infecté Haïti avec une souche de Vibrio cholerae en provenance du Népal, mais l’institution était restée bouche cousue sur la question. Les premières infections haïtiennes de choléra étaient apparues cinq jours après que 1 280 soldats népalais étaient retournés en Haïti après leur entraînement à Katmandou, puis un congé de 10 jours chez eux à travers le Népal, en plein milieu d’une épidémie de choléra. En Haïti, les soldats ont été placé dans trois camps à partir desquels leurs matières fécales non traitées ont été déversé dans les cours d’eau affluents de la Rivière Artibonite. Cette contamination s’élevait à plus d’un mètre cube de déchets cholériques à l’état pur contenant des milliers de milliards de bactéries de choléra par litre étant déversés dans la rivière! Sans cela, les cholérae dans l’Artibonite n’auraient jamais atteint les concentrations capables de tuer les résidents en aval de ces camps en l’espace de quelques heures. Il est pratiquement certain que plusieurs soldats népalais étaient devenus extrêmement malade dans les camps et que les Nations Unies, ainsi que le personnel médical traitant les troupes, probablement de l’hôpital le plus proche dans la ville de Mirebalais, avaient camouflé ces événements.
Dès le début de l’épidémie, l’ONU avait commencé à réclamer de l’argent et à promouvoir les vaccins anticholériques oraux par son Organisation Panaméricaine de la Santé (OPS). Dans le cadre d’une étude visant à développer des vaccins contre le choléra, l’ONU a démontré elle-même, de façon concluante, bien avant d’autres études de génétique moléculaire, que le choléra en Haïti était identique au choléra du Népal. Ce travail a été effectué par un chercheur de l’ONU qui a fait savoir ses resultats à Dr. Dong Wook Kim de l’International Vaccine Institute, en Corée du Sud. L’ONU était restée muette sur le sujet. Par ailleurs, et ce n’est surement pas une coincidence, la Corée du Sud, qui est également impliquée dans les ateliers de misère à Caracol, est aussi le pays de Ban Ki-moon.
C’est un cauchemar qui revient comme un boomerang. Une semaine après l’ouragan Matthew, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), une filiale de l’ONU, a fait don d’un million de doses de vaccins anticholériques oraux à Haïti, bien que le gouvernement haïtien avait plutôt demandé de l’aide avec l’infrastructure pour fournir de l’eau potable à la population. Les vaccins représentent une ruée sur l’or pour les ONG partenaires de l’ONU, y compris Partners in Health (PIH), qui était fondé par l’Envoyé Spécial Adjoint de l’ONU en Haïti, Paul Farmer, et qui sera ainsi payé pour administrer les vaccins. Comme en 2010, les médias traditionnels, en particulier The Guardian et NPR, encouragent vigoureusement les vaccins et fonctionnent comme les hauts-parleurs de la Fondation Bill et Melinda Gates, qui a financé, non seulement le développement du vaccin oral contre le choléra à l’International Vaccine Institute, mais aussi sa fabrication sous le nom Shanchol par une filiale du géant pharmaceutique français, Sanofi Pasteur.
La promotion actuelle des vaccins anticholériques oraux est une campagne trompeuse qui est motivée par le profit à l’état pur. La vaccination contre le choléra en Haïti est en ce moment plus qu’inutile, elle est néfaste. En premier lieu, même les vaccins inefficaces présentent des risques, parce que les vaccins utilisés sur les personnes dans le tiers monde contiennent généralement des concentrations 6 à 30 fois plus élevées que la limite supérieure de l’OMS de thiomersal, un conservateur à base de mercure qui probablement est lié à des cas d’autisme. En deuxième lieu, on ne sait pas quelles bactéries de choléra se trouvent en Haïti! La souche de choléra identifiée il y a six ans a muté au point où les vaccins fabriqués contre elle ne fonctionneraient pas du tout. Ces vaccins seraient certainement absolument inutiles contre les souches de choléra en provenance du Bangladesh. Enfin, même dans les meilleures circonstances, lorsque Shanchol est conçu et utilisé contre un choléra avec l’ADN récemment séquencé, la protection est minime, voire inexistante. Un essai sur le terrain au Bangladesh en 2011 a révélé que le vaccin a produit seulement 45 pour cent de protection dans tous les groupes d’âge après un an; pour les enfants de moins de cinq ans, ceux qui sont les plus susceptibles de mourir du choléra, la protection fournie par le vaccin était seulement aux environs de 17 pour cent. Selon des résultats publiés en 2015 après un essai sur le terrain en Haïti, qui passait pour une vaccination et était mal surveillé, la protection était à 57 pour cent après un an, mais seules les personnes âgées de plus de 12 ans avaient été inoculés.
Les autorités haïtiennes devraient être davantage informées que certaines des vaccinations supposées pourraient effectivement être en fait des essais médicamenteux pour des nouveaux vaccins. Ce serait un traitement à peine deguisé des Haïtiens comme des rats de laboratoire. Un certain nombre de microbiologistes basés dans la région de Boston, à Harvard et Tufts universités, ont développé et breveté plusieurs vaccins contre le choléra. La plupart des vaccins sont destinés en fin de compte à l’armée américaine, qui est leur plus grand marché, mais ils sont généralement testés sur les pauvres à la peau sombre dans des endroits comme les Indes, le Bangladesh, le Mexique et, bien sûr, Haïti. Quand ils le sont, c’est souvent sans tenir compte des principes éthiques de la Déclaration d’Helsinki qui doivent régir ces essais sur le terrain, et aussi du principe d’Hippocrate. Les formulations et les procédés de préparation des vaccins pour les gens du tiers-monde sont toujours moins chers et plus risqués que ceux pour les soldats américains.
Après 12 ans de viols, de meurtres, de massacres, de la vente d’enfants, et des épidémies, il est évident que la mission de l’ONU (MINUSTAH) en Haïti est une armée d’occupation militaire pour les Etats-Unis, la France et le Canada, avec toutes les conséquences qui en découlent. L’ONU a eu six ans pour se débarrasser d’une épidémie de choléra qu’elle a importé et qui aurait pu être éradiquée en quelques mois par une surveillance adéquate épidémiologique, les soins, et de l’eau propre. Au lieu de cela, les organisations médicales non-gouvernementales (ONG) associées aux Nations Unies, comme Partners in Health (PIH) et Médecins Sans Frontières (MSF), ont atteint un taux de mortalité de 1,4 pour cent. Cela est tout à fait inacceptable pour une maladie non mortelle qui peut être traitée par une simple réhydratation. En revanche, les médecins et infirmiers cubains en Haïti obtiennent généralement des taux de 0,1 pour cent ou moins de mortalité. À ce stade, la meilleure chose que l’ONU puisse faire pour Haïti est de se retirer du pays et de payer pour sa longue liste de crimes avec du financement pour réparer l’infrastructure du pays: à savoir, le traitement des eaux usées et la provision de l’eau potable. Une grande partie de ces infrastructures ont été détruites, non pas par des catastrophes naturelles ou de la negligence, mais par un sabotage delibéré depuis 2010.
Tandis que le convoi de Ban Ki-moon voyageait Aux Cayes pour sa tournée des popottes et de relations publiques le 16 Octobre, des Haïtiens en colère hurlaient aux camions de l’ONU, “Foutez le camp d’ici! Et prenez votre nourriture, votre eau et votre merde avec vous!” Les choses étant telle qu’elles le sont avec la presse, le traducteur de l’AFP / France 24 affublait que la colère des Haïtiens, attaqués avec des gaz lacrymogènes par les troupes de l’ONU, provenait de leur exigence de nourriture. Dans un discours ultérieurement, Ban Ki-moon a dit qu’il était “déçu par la réponse de la communauté internationale” qui a fait don de seulement $15 millions des $120 millions qu’il avait demandé. Je crois que c’est $15 millions de trop. Néanmoins, je salue la communauté internationale pour devenir plus conscient des manigances de l’ONU. Plus que tout, je salue les Haïtiens soi-disant non-éduqués, qui savent instinctivement que ceux qui acceptent l’eau et les vaccins d’une armée d’occupation sont des morts vivants.
Sources: Cet article etait publié originellement en anglais par News Junkie Post. | Dady Chéry est professeur en sciences biologiques, journaliste, et l’auteur du livre We Have Dared to Be Free: Haiti’s Struggle Against Occupation. Photographies un, sept et huit des archives du CDC Global; photographies cinq, six, onze et douze par Carsten ten Brink.